Ici, c’est Brest !

Un billet un peu différent, complètement à côté même de l’habituel fil de ce blog.

Je voulais juste déclamer l’amour que je porte à ma ville, Brest.

Alors oui, elle n’est pas belle, un peu abîmée par la guerre, un peu taillée à coup de serpe et de bétons pris à la va vite sur des immeubles sans charme et des carrelages blancs et noirs qui hantent les cages d’escaliers.

Elle a cette froideur indécente et dérangeante qui nous pousse à ne pas la regarder, à l’oublier, a faire comme si, après tout, elle n’existait pas, elle nous trouble, comme cette fille dont on était secrètement amoureux au primaire mais que jamais, au grand jamais, on n’aurait osé aborder.

Mais j’aime ses rues taillées au cordeau, ce vent cinglant qui nous bouscule quand on déboule sur Siam, ses mouettes qui n’ont plus depuis longtemps peur ni des voitures ni des piétons.
L’omnipresence de la rade au coin d’une rue et le crachin passager qu’un soleil rapide vient remplacer la minute suivante que, brestois habitué, vous ne vous laissez pas prendre au piège et gardez sur vous, la parka nécessaire à la gifle brutal qu’un coup de pluie viendra suivre, peut-être…

Car a Brest, il n’y a pas de météo, pas d’Eveline Delhia pour vous annoncer la journée, ici c’est à la minute, à l’heure, d’une pluie cinglante à un crachin revigorant ou un soleil pesant ou fugace (qui semble illusoire pour ceux qui ne sont pas d’ici), on vit à la marée, au bon vouloir des courants et d’un climat des plus océaniques et des plus despotiques.

Brest c’est ses vieux quartiers toujours plein d’une vie de bohème où se cotoient cadres et ouvriers, irlandais et marins, étudiants et passagers, ces bars innombrables et pourtant tous différents qui vivent, meurent, renaissent et d’un mois à l’autre, la vie nocturne change, varie, s’éclipse, se déplace, vit tout simplement.

C’est ses gens, tous différents, tous incroyables, ces après-midis dans un délire phisolo-littéraire-écolo qui tourne en une soirée entourée d’irlandais rigolards, roublards et rougis dans un pub improbable au sol collant de Guinness et se termine au matin dans un after-techno-new-wave dans un lieu qui l’est encore plus.
Vous ne vous rappelerez d’ailleurs sûrement de rien, ou de pas grand chose, a part d’avoir croisé, peut-être quelqu’un de connu, « ah je l’ai vu a la télé lui.. », oui lui, mais chut, ses gens la, eux aussi sont brestois.

Et par chance, sûrement, vous traînerez en bas, vers Siam, Recouvrance ou le Port de Commerce, gardant un souvenir de moules-frites arrosées, de tapas pimentés ou de rencontres féminines qu’un « t’as perdu ta lank myon ? » refroidiront vos ardeurs (même en tentant une approche « y’a moy’ ou quoâ ? »)

A traîner, vous passerez d’un complexe mégalo-commercial à une boutique de coin de rue brinquebalante, découvrant parfois, des lieux insolites et improbables comme des cimetières attachants, des fortifications du XIVe siècle ou allez même, jusqu’a un stade de foot sous les feux de la rampe niché au détour d’une artère.

Sonné, étourdi de souvenirs, devant le pont de Recouvrance, étendu sur le sable du Moulin-Blanc ou endormi sur un banc du cour Dajot, vous réaliserez peut-être que cette ville n’est pas si moche que ça, parce qu’ici, c’est Brest…

Alors oui, je t’aime Brest et juste là, je voulais te le dire.

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5 commentaires sur “Ici, c’est Brest !

  1. Ben l’crachin… faut bien hydrater que c’est…

    Va pas attirer l’touriste parisien qui va poser son bout de gras comme un brinic sur nos caillasses de tregana donc !

    allez j’y vais chui sur gaz, on s’croisra du côté d’tycolo c’est probap.

    Moi aussi j’aiiiime 🙂 (mais donne pas tous les bons coins !)

  2. T’as oublié la rue Robespierre, qui n’a rien d’exceptionnel si ce n’est de m’avoir logée 5 ans. Rue aux portes de Lambezellec, à qui Matmatah avait dédié une bien jolie chanson 🙂

  3. Et Dialogue ! …
    (une des mes)ma librairies préférées (n’étant Brestois que de passage, parfois).
    J’aime Brest !
    Pour le panorama sur la rade, pour l’odeur de la mer, pour le cri des mouettes, pour la beauté de ses remparts, pour son(ses) ports, pour cette sensation d’être si proche de l’aventure océanique ! … Brest dernière vraie ville avant la mer !
    Brest capitale de cette fin de terre (penn-ar-bed) !
    Brest dernière ville avant la fin de la Terre, avant le Conquet, avant les Abers, dernière ville avant cette belle mer d’Iroise et les îles du Ponant ! …