La semaine des examens du BAC commençant par ses fameuses épreuves de philosophie (matière qui offre des débouchés forts intéressants ), ce billet sera plus d’humeur que technique.
D’ailleurs, il semblerait que cette semaine soit source à réflexion 😉
Donc deux bonnes lectures a ajouter à votre escarcelle :
http://blog.domadoo.fr/index.php/domotique/1271-quest-ce-que-la-domotique
http://www.domotique-info.fr/2013/06/domotique-interoperabilite-m2m-api-socket-ip/
Nous le savons tous, la domotique c’est pour demain (oui, cela fait des années que c’est demain).
Heureusement, ce demain se dessine de plus en plus grâce tout d’abord à un engouement porté par des passionnés de plus en plus nombreux qui, magie du Nain Ternet aidant, le relaie sur des blogs et forums.
Par des médias qui commencent doucement à en parler sur des chaînes tout public, et surtout par des constructeurs/distributeurs qui se sont dit que le créneau pouvait être porteur et ont donc commencé a offrir des offres packagées permettant au tout venant de s’initier au bienfait de la domotique chez soi.
Tout cela est bien, on ne peut pas dire le contraire. L’idée fait son chemin dans la tête de plus en plus de personnes pour qui la domotique n’était qu’une vaste idée de geeks technophiles accros aux dernières nouveautés et pour lesquels le fait d’allumer une lampe avec son pc par une url dans son navigateur était aussi excitant qu’un ping vers un serveur externe à moins de 10ms.
Oui mais pour ce commun des mortels, pour qui un pc est sous windows et un accès à internet est une boite noire (ou blanche ou translucide, bref un tupperware qui prend la poussière sur une étagère) qu’on branche sur la prise du téléphone, la domotique reste un gadget et je le comprend.
Après tout, allumer la lampe du salon avec son smartphone, c’est très con. Si, si, je vous assure.
Alors pour vulgariser la domotique et la rendre attrayante auprès du grand public, les constructeurs/distributeurs ont décidé de mettre en oeuvre une stratégie mercantile apte à rentabiliser les heures passées par les équipes de R&D (Rapporte de l’argent et Démerde toi pour que cela ne me coûte rien).
Un environnement domotique comprend des équipements de confort (télécommande, prise commandée, sonde de température, douille commandée, volets roulants ou portails automatisés etc..) et des équipements de sécurité (détecteur de mouvement, d’ouverture, de fuite d’eau, de gaz ou de fumée ).
A partir de ce concept assez basique, les chefs de projets/commerciaux se sont dit :
– « Comment qu’on va vendre ça a Mme Michu ? On va quand même pas lui dire qu’elle peut gérer les prises électriques de sa maison ! ».
– « Non mais attends Roger ! On va vendre ça comme une alarme apaschère !!! »
– « Génial Brandon ! Vendons leur ça ! »
Car oui, l’idée absolument géniale qui va révolutionner le monde et amener la domotique chez les gens, c’est de leur parler « sécurité » !
Après tout, c’est un constat évident, les français ont un sentiment d’insécurité et on nous le rabache sans cesse.
Pain béni pour ses constructeurs de solution domotique et des équipement de « sécurité » qui en font partie, le leitmotiv commercial devenu bien rodé qu’ils ont décidé de nous asséner est la possibilité justement de détecter et prévenir de toutes intrusions à domicile.
Que je te vende des caméras ip/wifi, des possibilités de visionner les flux sur son smartphone, d’être prévenu par SMS d’une intrusion chez moi et que sais-je encore, les solutions domotiques de nos chers constructeurs/fabricants se sont rapidement transformées en alarme à domicile, moins cher qu’une vrai alarme (après tout je m’en fous qu’elle soit neutralisable en quelques secondes ou ne résiste pas à un coup de marteau ou un évier rempli d’eau), elle est devenu la solution de protection de sa maison a moindre coût.
Le plus gênant, c’est que cette stratégie a plutôt bien marché puisque même certains constructeurs d’alarmes ont décider d’intégrer des possibilités de controle de prise électrique sur leurs solutions…
Car peu de particulier disposent d’une alarme à domicile (étonnant non ?) et les fabricants d’alarmes qui ont difficilement réussi à promouvoir leur solution au sein des foyers se sont dit qu’ils avaient peut-être louper le coche, malgré les sommes engagées dans la certification de leur produits à des attaques de tout genre, non, ce qui semble intéresser le client lambda, c’est que son smartphone sonne quand quelqu’un rentre chez lui, au détriment de la résistance du produit d’alarme et de sa capacité à éloigner un intrus (ceux qui ont entendu la sirène d’alarme d’une blyssbox me comprendront…).
Et bien entendu, les assureurs suivent le pas tracé dans le sable du business.
Dans les forums ou discussions sur la domotique, c’est d’ailleurs l’une des premières préoccupations des « nouveaux » qui s’essayent à ce concept. Loin de privilégier une autre piste, les premières questions portent quasiment toujours sur les équipements de sécurité, les caméras et les sirènes.
La domotique se trouvent donc t-elle condamnée à être confiner comme une alarme low-cost au détriment de ses autres possibilités parce que le choix stratégique commercial des principaux constructeurs/fabricants est d’en promouvoir le côté sécuritaire ?
Peut-être, et c’est bien dommage, car c’est un mauvais choix et sûrement pas la meilleure façon de vulgariser la domotique, de la rendre attrayante et de lui rendre ce pour quoi elle est a été conçue.
Ne nous méprenons pas. Je ne dénigre aucunement les capacités de détections d’un équipement domotique et la facilité de sa mise en oeuvre pour être alerter d’une effraction chez soi.
Mais n’est-il pas particulièrement réducteur d’en faire le cheval de bataille de la domotique ?
Est-ce par cette voie (voix s’appliquant aussi 😉 ) que l’on fera comprendre la domotique aux gens ?
Non. Définitivement non.
La domotique a plusieurs rôles qui sont complètement occultés par cette approche sécuritaire.
- Un rôle d’économie d’énergie à son domicile.
La gestion de son chauffage beaucoup plus finement que ne le ferait n’importe quel thermostat d’ambiance. La coupure automatique de lampes restaient sournoisement allumées après avoir quitter une pièce. L’extinction d’appareil électrique qui n’ont pas vocation a être alimenter en permanence (et par la même la sécurité électrique d’une, par exemple, cafetière laisser en marche…).
- Un rôle d’information et de prise en compte des données de son domicile. Température de chaque pièce (et par la même d’une isolation peut être déficiente a un endroit). Consommmation d’eau (et détection d’une surconsommation signe d’une fuite discrète). Consommation énergétique (électricité, gaz, fioul) en temps quasi réel et la prise de conscience subjacente des postes de dépenses.
- Une centralisation de ses multiples données (senseurs, équipements et vêtements connectés…) qui permettront un stockage et une analyse fines de toutes ses informations pour une traitement « a posteriori » (http://www.cityzensciences.fr/ sera a suivre dans les mois qui viennent)
- Une automatisation des habitudes qui peuvent naturellement être délégués à un système domotique, avec un soupçon de cognitivité qui pourrait vous surprendre.
- L’interaction avec son domicile qui dépassera largement cet interrupteur manuel au look ringard ou ces multiples télécommandes de bakélites qui ornent la table du salon (http://encausse.wordpress.com/s-a-r-a-h/ , http://www.numerama.com/magazine/26270-domotique-une-maison-controlee-par-la-pensee.html )
Enfin, et surtout, la force de la domotique pour laquelle le discours ne se veut malheureusement pas assez convaincant : les scénarios.
Car la puissance de la domotique vient justement de l’interopérabilité entre tout ce qui « fait » notre vie à la maison. Le fameux IFTTT (If Then Then That (si ça, alors fait ça).
– « S’il y a du vent supérieur à telle vitesse alors ferme les volets »
– « S’il est plus de 23h et que je sors de ma chambre pour aller aux toilettes, allume la lumière du couloir et des wc qu’a 20% de sa puissance »
– « Si ma grand-mère, chez elle, n’a pas ouvert sa boite de médicaments au repas du midi et/ou qu’elle n’a pas allumer un équipement électrique/ouvert un tiroir/frigidaire/placard depuis plus de 3h, alerte moi »
– « Si je suis en vacances alors n’ouvre pas les volets automatiquement à 7h, ne met pas mon réveil en route et coupe mon téléphone jusqu’à ce que j’ouvre mon frigo »
– « S’il fait beau demain, fait moi penser à acheter du charbon de bois pour le barbecue et profites en pour regarder si 2-3 potes seraient partant pour passer manger une merguez autour d’un bon bordeaux dont, bien sûr, tu auras vérifier que sa vieillesse se sera dérouler correctement en supervisant la température, la luminosité et l’hygrométrie de ma cave a vin ».
Etc, etc…
Ce manque de communication sur la possibilité de ces scénarios, sur des exemples de mise en place, de démonstration dans la vie quotidienne est un manque cruel des capacités réelles et avérées de la domotique en 2013.
Cantonner la domotique a un simple rôle de sécurité est dégradant au vue des possibilités du concept.
Rendre abordable, facile, compréhensible la création et la gestion de divers scénarios devrait être aussi simple que la mise en place de 3 détecteurs de mouvements couplés à une alerte SMS que se targue de vendre nos chers constructeurs/distributeurs.
C’est à nous tous, utilisateurs, contributeurs, passionnés de domotique de relayer ses possibilités auprès du public et de ne pas laisser quelques entreprises commerciales vulgariser un concept qui n’est vraiment pas le bon.
A ce genre de jeu, certains s’étaient essayer avec succès dans les années 80/90 avant que les passionnés et vrais utilisateurs en reprennent le contrôle et clame haut et fort qu’un autre chemin était possible et sûrement le mieux. Cela s’appelait, les débuts de l’informatique.